Ton plan 90 jours: passer des idées à un plan simple et réaliste!

Benoit Hélie
17 nov.
10 min de lecture

Tu connais sûrement ça: tu as mille idées pour ton entreprise, des projets partout sur des feuilles, dans ton cell, dans ta tête… et à la fin du trimestre, tu te rends compte que rien n’est vraiment allé au bout.

Ton plan 90 jours, c’est l’antidote à ça.

Ce n’est pas un gros plan stratégique compliqué. C’est le morceau du milieu, celui qui relie ta vision à long terme et ta réalité de propriétaire de PME qui court partout. C’est ce qui fait le pont entre:

Ce que tu veux dans 5 ans
Ce que tu vis dans 90 jours
Et ce que tu fais cette semaine

Dans cet article, on va voir comment bâtir un plan 90 jours simple et réaliste, aligné sur ton but ultime. Pas juste un plan "pour être organisé", mais un plan qui répond à la question: quelles sont les priorités des prochains 90 jours qui vont me rapprocher le plus de ce que je veux vraiment pour mon entreprise… et pour ta vie?

Ton plan 90 jours: passer des idées à un plan simple et réaliste!

Le problème: être occupé, mais avancer peu

Il est 20 h un soir de semaine. Tu es encore au bureau, dans ton camion ou à l’atelier.

Tu regardes ta journée:

Tu as répondu à des appels, des courriels, des textos.
Tu as géré des urgences d’employés, des clients impatients, des fournisseurs à rappeler.
Tu as travaillé fort, mais tu te demandes: qu’est-ce que j’ai vraiment avancé d’important pour mon entreprise aujourd’hui?

Tu n’es pas paresseux. Tu n’es pas "désorganisé de nature". Tu es juste pris dans le tourbillon.

Voici ce qui arrive souvent:

Tu te lèves le matin avec une intention.
Le téléphone sonne.
Un employé débarque avec un problème.
Un client annule, un autre veut être servi hier.
Ta journée se fait manger par les priorités des autres.

Résultat: tu travailles beaucoup, mais tu avances surtout dans l’opérationnel, pas vers ton but à long terme.

Le plan 90 jours sert précisément à ça: te redonner le volant. Il te force à te demander: qu’est-ce qui compte vraiment pour les prochains mois, pour me rapprocher de ce que je veux dans 3 ans, 5 ans?

De la vision 5 ans au prochain 90 jours: la chaîne complète

Un bon plan 90 jours ne sort pas de nulle part. Il descend de plus loin.

On peut voir la planification comme une chaîne:

Vision 5 ans: À quoi ressemble ton entreprise et ta vie dans 5 ans? Revenus, rôle que tu occupes, taille de l’équipe, temps libre, types de clients, projets que tu acceptes ou refuses.
Plan 3 ans: Quelles grandes étapes doivent être franchies d’ici 3 ans pour te rapprocher de cette vision? Chiffre d’affaires, structure, services, organisation, systèmes clés.
Plan 1 an: Qu’est-ce qui doit absolument être en place d’ici un an pour être sur la bonne trajectoire? On parle de résultats concrets: profits, dettes, embauches, mise en place de processus, outils de gestion, etc.
Plan 90 jours: Dans les 3 prochains mois, quelles sont les priorités qui vont te faire avancer le plus vers ton plan d’un an?
Plan mensuel: Chaque mois, qu’est-ce qui doit être livré pour respecter ton plan 90 jours?
Plan hebdo: Cette semaine, quelles sont les actions clés qui vont faire avancer tes priorités des 90 prochains jours?

Le 90 jours n’est pas un remplacement du plan annuel. C’est le traducteur. Il prend ton plan d’un an, lui-même basé sur ta vision à 3 et 5 ans, et le transforme en quelque chose de concret, pilotable dans ton vrai quotidien de patron.

Le "monde de 90 jours": comment on fonctionne pour vrai

Dans la vraie vie, il se passe quelque chose de très humain: après environ 90 jours, la motivation et le niveau d’énergie baissent.

Au début, tu es motivé: Nouveau projet, nouvelle décision, nouvelles priorités. Tu es dedans, tu y penses souvent, tu as du "drive".

Après quelques semaines, la routine reprend, les urgences reviennent, la fatigue embarque.

Rendu autour de 90 jours, ce qui était super motivant devient "une affaire de plus à gérer".

C’est pour ça que le trimestre est une si bonne unité de temps. On parle parfois de "monde de 90 jours" parce que c’est une période naturelle pour l’être humain:

Assez longue pour accomplir quelque chose de significatif.
Assez courte pour garder un sentiment d’urgence.
Assez limitée pour permettre de repartir la machine régulièrement, redonner de la motivation et réajuster les priorités.

La clé, c’est que ces nouvelles priorités trimestrielles ne sont pas choisies au hasard. Elles doivent toujours être reliées à ton but ultime et à ta stratégie à long terme. Sinon, tu deviens juste très occupé à changer de priorité aux 3 mois, sans te rapprocher de rien de concret.

Revenir à la base: qu’est-ce que tu veux vraiment?

Avant de parler de 90 jours, il faut revenir à une question de fond: tu veux quoi au juste?

Pas seulement en termes de chiffre d’affaires. En termes de vie aussi.

Dans 5 ans:

Tu travailles combien d’heures par semaine?
Tu fais quoi dans ton entreprise (et surtout, tu ne fais plus quoi)?
Tu gagnes combien, de façon réaliste?
Ton entreprise a combien d’employés? De clients réguliers?
Tu te sens comment, en te levant le matin?

Prends le temps d’écrire ce portrait, même si c’est brouillon. Ensuite, rapproche-le un peu:

Dans 3 ans, à quoi cela ressemble si tu es sur la bonne trajectoire?
Dans 1 an, qu’est-ce qui doit déjà être en place, commencé ou réglé?
C’est seulement après ça que le 90 jours prend tout son sens. La vraie question devient:
Quelles sont les priorités des prochains 90 jours qui vont me rapprocher le plus de mon but ultime, qui vont me faire avancer le plus?

Étape 1: définir ta destination 90 jours en partant du long terme

Maintenant que tu as en tête ton 5 ans, ton 3 ans et ton 1 an, tu peux te poser cette question:

Si, dans 90 jours, je regarde mon entreprise, qu’est-ce qui doit avoir changé pour que je sois vraiment fier d’avoir avancé vers ma vision?

On parle de résultats observables, pas de bonnes intentions.

Pas "travailler sur mes finances", mais:

"Avoir un état des résultats simple qui me montre clairement chaque mois si je fais de l’argent ou non."

Pas "penser à engager quelqu’un", mais:

"Avoir embauché et intégré une ressource clé qui enlève environ 10 heures de tâches par semaine de mes épaules."

Pas "travailler sur mon marketing", mais:

"Avoir mis en place un chemin clair pour que les demandes de clients entrent régulièrement."

Garde 1 à 3 grandes destinations pour le trimestre. C’est là que tu veux être rendu dans 90 jours si les choses se passent bien. Tes priorités vont ensuite servir à te rendre à ces destinations.

Étape 2: faire le tri dans tes idées

C’est là que tu réalises que tu n’as pas un problème de manque d’idées, mais un problème de sélection.

Tu as peut-être:

Refaire le site web
Réorganiser le stock
Changer de logiciel de gestion
Revoir la structure de prix
Mettre en place un processus d’embauche
Ranger les bureaux
Former ton équipe
Lancer un nouveau service

Si tu prends tout, ton plan 90 jours devient une "wish list" et tu vas te décourager.

Prends toutes tes idées et mets-les sur papier. Ensuite, pour chacune, pose-toi trois questions:

Impact
- Est-ce que cette idée a un impact réel sur tes profits, ton temps ou ta qualité de vie?
Lien avec ta vision
- Est-ce que cette idée te rapproche de ce que tu veux dans 1, 3 ou 5 ans?
Réalité
- Est-ce réaliste de la faire dans les 90 prochains jours compte tenu de ta charge actuelle?

Ce qui n’a pas d’impact, pas de lien clair avec ta vision, ou qui n’est pas réaliste maintenant va dans un "stationnement d’idées". Tu ne les jettes pas. Tu les gardes pour un autre 90 jours, quand ce sera leur tour.

Étape 3: choisir entre 3 et 7 grandes priorités

Un bon plan 90 jours tient sur un petit nombre de priorités claires.

Choisis entre 3 et 7 priorités pour la saison. Pas plus.

Moins tu en prends, plus tu as de chances de les faire pour vrai. Plus tu en prends, plus ton plan devient une "wish list" qui ne se réalisera pas.

Demande-toi:

Si je ne pouvais avancer que 3 à 7 grandes choses dans les 90 prochains jours, lesquelles me feraient le plus avancer vers mon plan d’un an?

Par exemple:

Priorité 1 : Solidifier les finances

Priorité 2 : Structurer le parcours client (de la demande à la facturation)

Priorité 3 : Clarifier les rôles et responsabiliser l’équipe

Priorité 4 : Mettre à jour la liste de prix

Priorité 5 : Réduire le niveau de chaos dans l’horaire

Tu n’es pas obligé d’en avoir 7. Tu peux en avoir seulement 3 ou 4, si c’est ce qui est réaliste. L’important, c’est de te rappeler que "less is more". Tes priorités ne sont pas des souhaits, ce sont des engagements. Si tu les écris, c’est parce que tu as vraiment l’intention de les livrer.

Pour chacune, définis un objectif de fin de trimestre qui décrit un état, pas une intention.

Par exemple:

Priorité 1 : Finances

D’ici 90 jours, avoir un état des résultats simple à jour chaque mois et avoir réduit d’environ 20 % l’utilisation de la marge de crédit.

Priorité 2 : Parcours client

D’ici 90 jours, 100 % des nouvelles demandes sont notées au même endroit et aucune soumission n’est oubliée.

Priorité 3 : Rôles

D’ici 90 jours, chaque poste clé a une fiche de responsabilités validée avec la personne et une rencontre de suivi mensuelle.

Ensuite, pendant tout le trimestre, chaque nouvelle idée passe par ce filtre:

Est-ce que cela aide directement une de ces priorités?Si non, ce n’est pas pour ce 90 jours.

Étape 4: découper en projets, puis en actions

Tes priorités sont encore trop grosses pour entrer directement dans ton agenda. On va les découper.

Niveau 1: projetsNiveau 2: actions concrètes

Exemple pour la priorité "Solidifier les finances":

Projet 1: Nettoyer la comptabilité des 6 derniers mois.
Projet 2: Créer un modèle d’état des résultats simple, adapté à ta PME.
Projet 3: Mettre en place une routine mensuelle de revue des chiffres.

Ensuite, on transforme chaque projet en actions concrètes, du genre:

Appeler la comptable pour valider les corrections à faire.
Réserver deux blocs de 3 heures dans ton agenda pour passer les écritures en revue.
Préparer un modèle d’état des résultats dans Excel adapté à ta réalité.
Planifier une rencontre mensuelle fixe pour revoir les résultats.

Une action commence toujours par un verbe précis: appeler, réserver, créer, valider, envoyer, rencontrer, décider.

Si tu ne peux pas mettre une action dans ton agenda avec une durée réaliste, ce n’est pas une action, c’est encore une idée.

Étape 5: faire entrer ton plan dans ta vraie semaine

Ton plan 90 jours doit respecter ta réalité.

Si tu es déjà à 45 ou 50 heures par semaine dans l’opérationnel, tu ne peux pas ajouter 15 heures de projets par-dessus. Sinon, tu vas te sentir coupable et tu risques de laisser tomber.

Commence par regarder honnêtement ta semaine type.

Ensuite:

Décide combien d’heures par semaine tu peux raisonnablement consacrer à tes priorités 90 jours. Souvent, entre 3 et 5 heures, c’est déjà très bien.
Bloque ces heures dans ton agenda comme des rendez-vous non négociables.
Relie chaque bloc à une priorité précise.

Par exemple:

Mardi 7 h 30 à 9 h : bloc "Finances"
Jeudi 13 h 30 à 15 h : bloc "Processus clients"

Quand tu entres dans ces blocs, tu ne te demandes pas "qu’est-ce que je pourrais bien faire". Tu regardes tes projets et tes actions liés à la priorité de ce bloc.

Étape 6: le rendez-vous hebdomadaire avec toi-même

Le vrai moteur du plan 90 jours, ce n’est pas la belle feuille de route. C’est le rendez-vous hebdomadaire.

Choisis un moment fixe chaque semaine: vendredi avant midi, ou lundi matin tôt, par exemple.

Pendant 30 à 45 minutes, tu fais trois choses:

Tu regardes tes priorités 90 jours
- Qu’est-ce qui a avancé?
- Qu’est-ce qui bloque?

Tu coches les actions complétées
- C’est important de voir que tu construis, une brique à la fois.
Tu choisis les 3 à 5 actions clés de la semaine suivante
- Pas une liste de 30 tâches. Seulement ce qui te fait vraiment avancer vers tes priorités.

Ce rendez-vous, c’est le lien direct entre ton quotidien et ta vision à long terme. C’est là que tu te réalignes, semaine après semaine, sur ce que tu veux vraiment.

Étape 7: mesurer juste assez pour voir que tu te rapproches

Tu n’as pas besoin de 20 indicateurs. Tu as besoin de quelques mesures simples qui te disent: est-ce que je me rapproche de mon but, oui ou non?

Quelques exemples:

Si ta priorité est financière:

Montant de marge de crédit utilisé à la fin de chaque mois.
Profit net sur 3 mois.
Délai moyen de recouvrement des comptes clients.

Si ta priorité est le parcours client:

Nombre de demandes entrantes par semaine.
Délai moyen pour rappeler un client.
Nombre de soumissions oubliées.

Si ta priorité est l’organisation:

Heures que tu passes en mode "feu à éteindre" comparé aux heures consacrées à l’amélioration.
Nombre de tâches transférées à ton équipe.

Tu choisis 2 ou 3 indicateurs pour le trimestre, liés à tes priorités, et tu les suis. Pas pour te taper sur la tête, mais pour ajuster le tir.

Conclusion: 90 jours à la fois, vers ton but ultime

Tu n’as pas besoin de plus d’idées.

Tu en as déjà plein.
Tu as l’expérience.
Tu connais ton marché.
Tu vois ce qui ne fonctionne pas et ce qui pourrait être mieux.

Ce qui manque souvent, c’est le pont entre:

Ta vision à 5 ans
Ton plan d’un an
Et ce que tu fais cette semaine

Ton plan 90 jours, c’est ce pont-là.

Il te permet de te poser régulièrement cette question simple, mais puissante:

Parmi tout ce que je pourrais faire, quelles sont les 3 à 7 priorités des prochains 90 jours qui vont me rapprocher le plus de mon but ultime, qui vont me faire avancer le plus?

En 90 jours, tu ne changeras pas tout.

Mais tu peux:

Rapprocher ton entreprise de la santé financière que tu veux.
Réduire ta charge mentale et ton niveau de chaos.
Rendre ton équipe plus autonome.
Sentir, pour vrai, que tu avances vers la vie d’entrepreneur que tu as en tête depuis longtemps.

Et si, au lieu de passer encore un trimestre à "faire de ton mieux" au jour le jour, tu prenais une heure cette semaine pour choisir clairement tes priorités 90 jours, en lien direct avec ta vision à long terme?

Ton entreprise mérite mieux que des idées qui dorment dans un cahier. Toi aussi...

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