Sortir de la marge : 3 étapes concrètes pour respirer enfin financièrement
- Benoit Hélie
- 6 juin
- 5 min de lecture
Vous avez beau travailler fort, les chiffres ne suivent pas. Vous avez l’impression que votre entreprise tourne… pour nourrir la banque. La marge de crédit vous a permis de passer à travers un creux, un projet ou une période de croissance. Mais aujourd’hui, vous êtes pris dans un cercle vicieux : chaque mois, les intérêts grugent vos profits, et le solde ne descend pas. Vous rêvez de voir enfin ce fameux "zéro" sur votre marge. De respirer financièrement.
C’est sournois. Une petite avance de fonds au départ, puis un deuxième projet à financer, puis un mois un peu plus lent… et tranquillement, la marge devient un mode de financement régulier.
Le problème ? On n’a jamais vraiment le sentiment d’avoir de l’argent. On court toujours après les liquidités. On subit une pression constante qui nous empêche de prendre des décisions sereines. Résultat : le stress augmente, et l’entreprise s’essouffle.
Il ne suffit pas de dire « je vais rembourser ma marge ». Il faut un plan. Un plan réaliste, en trois étapes concrètes, qui vous permet d’en sortir progressivement tout en préservant la santé de votre entreprise. Je l’ai vu chez plusieurs de mes clients : en quelques mois, il est possible de changer complètement la dynamique et de retrouver de la latitude financière.
Voici comment.

Pourquoi votre entreprise est toujours dans la marge
Avant de vouloir « sortir de la marge », il faut se poser la vraie question : pourquoi votre entreprise a-t-elle besoin de la marge en continu?
Ce n’est pas toujours un manque de ventes. Souvent, c’est un problème de flux de trésorerie mal gérés. Voici les causes les plus fréquentes que je vois dans les entreprises que j’accompagne :
Délais de paiement trop longs : les clients paient après 45, 60, voire 90 jours. Pendant ce temps, les dépenses courantes continuent.
Croissance non financée : l’entreprise grossit rapidement, mais sans financement adapté. On utilise la marge pour financer les nouveaux projets ou l’expansion.
Sous-capitalisation : l’entreprise n’a pas assez de capitaux propres ou de profits réels pour financer ses besoins permanents.
Facturation trop tardive : les délais entre la livraison du service ou du produit et la facturation sont trop longs. Le cycle d’encaissement est ralenti.
Marge bénéficiaire brute insuffisante : on vend beaucoup, mais les marges sont trop faibles pour dégager des liquidités.
Mauvaise connaissance du seuil de rentabilité : l’entreprise ne sait pas quel niveau de ventes est nécessaire pour couvrir ses frais fixes et commencer à générer des profits nets.
Manque de suivi de la trésorerie : sans outils de suivi, les besoins de liquidités sont gérés au jour le jour… avec la marge comme solution de secours.
Tant que ces causes ne sont pas identifiées et corrigées, vouloir rembourser la marge est illusoire. On ne fait que déplacer le problème.
Mettre en place les outils et les structures pour reprendre le contrôle et sortir de la marge une fois pour toute
Identifier les causes des tensions de trésorerie est essentiel, mais ce n’est qu’un premier pas. Pour sortir durablement du cercle vicieux de la marge, votre entreprise doit se doter des outils de gestion qui permettent de surveiller, contrôler et agir sur ces causes.
Voici les outils essentiels que je recommande systématiquement à mes clients :
Un budget de trésorerie détaillé, qui projette les encaissements et les décaissements par semaine ou par mois. Cela permet d’anticiper les périodes à risque et de planifier en conséquence.
Un tableau de bord de gestion, mis à jour chaque mois, qui affiche au minimum : le solde de la marge, l’évolution des comptes clients, la marge bénéficiaire brute, le niveau de ventes par rapport au seuil de rentabilité, et le respect des délais de facturation.
Des indicateurs de suivi de la liquidité, tels que le délai moyen de recouvrement des comptes clients, le fonds de roulement et le ratio de couverture des charges fixes. Cela permet de suivre l’évolution réelle de la situation.
Un outil de suivi de la facturation, qui mesure le délai entre la livraison et la facturation, et qui permet de suivre les comptes à relancer. Une facturation rapide et un recouvrement actif sont essentiels pour améliorer la trésorerie.
Un suivi rigoureux de la marge bénéficiaire brute, par type de produit ou service. On identifie ainsi ce qui génère du cash… et ce qui en consomme.
Un calcul clair du seuil de rentabilité, mis à jour régulièrement. On sait ainsi à quel niveau de ventes on couvre nos frais fixes, et à partir de quand on génère de la liquidité.
Ces outils permettent de transformer la gestion quotidienne. On passe d’une logique de survie à une logique proactive. Et c’est cette nouvelle maîtrise qui rend ensuite le remboursement de la marge possible.
3. Structurer un remboursement durable de la marge
Une fois que l’entreprise a repris le contrôle de ses flux de trésorerie, le remboursement de la marge devient réaliste. Mais là aussi, il faut de la rigueur.
Vouloir rembourser trop vite, sans tenir compte de la réalité de l’entreprise, conduit souvent à replonger dans la marge au premier imprévu.
Voici comment je structure ce remboursement avec mes clients :
On établit un plan de remboursement progressif, intégré dans le budget. On choisit un montant réaliste, que l’entreprise peut respecter mois après mois.
On profite des périodes de meilleure trésorerie pour accélérer le remboursement, sans fragiliser l’opération courante.
On instaure une règle de gestion claire : tout remboursement effectué est permanent. On ne remonte plus dans la marge après avoir remboursé.
On suit mensuellement l’évolution du solde de la marge et on ajuste le rythme de remboursement si nécessaire.
Le but n’est pas de sortir de la marge en trois mois à tout prix. C’est de la ramener à un niveau qui correspond à son rôle normal : un outil de financement temporaire, et non un mode de fonctionnement régulier.
Conclusion : reprendre le contrôle de sa marge, un pas à la fois
Sortir de la marge n’est pas une question de volonté. C’est une question de méthode.
Quand on prend le temps de comprendre les vraies causes, qu’on met en place les bons outils de gestion, et qu’on structure le remboursement intelligemment, on peut en sortir durablement.
Et surtout : on retrouve une liberté de gestion précieuse. On cesse de travailler uniquement pour nourrir les intérêts bancaires. On recommence à bâtir. À investir. À respirer.
Je le dis souvent à mes clients : voir votre solde de marge approcher le zéro est un des plus grands bonheurs de gestion que vous allez vivre. Et c’est tout à fait à votre portée, si vous mettez en place les bons leviers.
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